Le travail est au cœur du projet du collège Edgar Morin. Le mot « travail » vient de la racine latine tripaliare « tourmenter, torturer ». Son origine étymologique est très différente en anglais : le mot work est d'origine germanique et grec et signifie, d’une part « action, œuvre » et d’autre part, « besoin, nécessité ».
Maria Montessori a beaucoup diffusé sa pensée en anglais et utilisait donc le mot work pour parler du travail, qu’elle décrivait comme une activité nécessaire pour le développement de l’être humain à travers les stades de développement de l’enfant. Au fond, le travail est un besoin qui donne du sens à l’existence. Proposer une éducation au sein d’une communauté adolescente autonome et libre de ses choix, offre dès lors un contexte pertinent pour donner aux jeunes un sens au travail qui va leur permettre leur réalisation personnelle. En effet, afin de ne pas percevoir le travail comme une contrainte extérieure laborieuse et douloureuse, les adolescents doivent pouvoir le vivre comme un choix, un désir d’œuvrer pour eux et pour la communauté.

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Premièrement, le travail concret et manuel se vit dans un environnement adapté sur lequel la communauté adolescente peut agir librement. Les jeunes sont par conséquent les véritables acteurs de leur quotidien : confectionner les repas (menus, achats, cuisine, etc.), prendre soin de leur environnement (ménage, aménagement, intérieur comme extérieur), produire de quoi vivre (potager, élevage, production et vente d’objets), etc. Il s’agit dès lors de comprendre qu’ils peuvent accomplir des œuvres, qu’ils sont importants au sein du collectif pour le faire fonctionner, qu’ils peuvent collaborer avec d’autres pour réaliser plus d’actions. En travaillant au sein d’une communauté, ils découvrent qu’ils peuvent y contribuer et que ce qu’ils font, fait la différence. Il est nécessaire pour l’adulte comme pour les pairs de ne pas juger leur travail mais de les accompagner afin qu’ils découvrent leurs capacités. Dès lors, ils comprennent le pouvoir d’agir et ce pouvoir offre à la communauté du bien-être.

Deuxièmement, ce travail concret et manuel permet la construction de l’intelligence. Grâce à ce travail accompli par les adolescents pour le fonctionnement de la vie ensemble, les jeunes désirent comprendre le monde et accèdent aux connaissances académiques avec envie. Aussi, le travail académique prend-il sens grâce au travail manuel. En ce sens, il ne s’agit pas tant d’acquérir douloureusement une agrégation de connaissances académiques sanctionnée par une note, que d’être engagé dans le travail pour participer au monde et le comprendre. Le travail, qu’il soit manuel ou intellectuel, devient alors un privilège et un droit humain, une source d’accomplissement et d’émancipation.